lundi 26 janvier 2009

Rétro analyse des amateurs de torrents

Qui sont les P2Pistes ?

Par définition, le téléchargement illégal concerne des fichiers à propriété intellectuelle disponibles sur le marché "blanc", mis à disposition des internautes gratuitement.
Cette gratuité est toute relative et permet de définir une cible rapide. Télécharger illégalement est time consuming, demande des compétences en informatique (parce que paramétrer Emule nécessite de se balader sur des forums, à minima), et nécessite un besoin en contenu. La population qui regroupe ces trois qualités est finalement assez restreinte. Je pense qu'après 25-30 ans, le public préfère payer pour un service/produit.

Il existe différents outils de téléchargement, les logiciels P2P traditionnels avec Kazaa ou Emule par exemple; et les logiciels de torrents. Bittorrent n'est pas un réseau P2P, mais un protocole de réseaux, et chaque tracker (petit fichier donnant les informations sur l'élément téléchargé) correspond à un petit réseau P2P, à la différence du P2P classique où chaque serveur est un réseau P2P. D'une manière générale, les téléchargements de P2P classiques sont en diminution, et les pirates se retrouvent sur les clients torrents. Afin d'utiliser ce type de logiciel, il faut aller sur une des grandes plateformes web (des sites comme : Mininova, TorrentSpy, Isohunt, ou The Pirate Bay) qui regroupent les fichiers (pour simplifier).

En se concentrant sur la typologie de Mininova, une classification concentrée sur le contenu téléchargeable, il est possible de préciser les "gouts" des téléchargeurs via torrents.


Le graphique ci-dessus permet de spécifier cette population, attirée en priorité par les films, la musique et les shows TV (séries ou émissions). En terme de volume, il est intéressant de noter :
  • La faible part des images : sûrement due à l'essor des plateformes d'hébergement d'images (Flickr par exemple), à la petite taille des fichiers (téléchargeables très rapidement, donc disponibles sur le web traditionnel plus facilement), et la faiblesse de la connaissance par le grand public des droits des ayants droits (à la différence de la musique). Principalement des fonds d'écrans d'ordinateur (55%).
  • La faiblesse des livres est peut-être liée à la non-diffusion auprès du public des e-books, la révolution toujours attendue! D'ailleurs dans la catégorie des books, les Ebooks représentent 64% des torrents téléchargeables contre 16% pour les livres audios (résultat intéressant) et 11% pour les Comics, BD américaines.
  • La sous-catégorie animes aurait pu être intégré aux TV Shows. Son existence signale donc l'intérêt porté par les utilisateurs de P2P à ce type de média, principalement des Mangas asiatiques mis en dessins animés.
  • Dans la catégorie logiciels, la plateforme Windows regroupe 83% des torrents (sécurité, CD/DVD, autres, application vidéos, édition de photographie et de sons). tandis que les Mac ne sont que 2%.
  • Les jeux concernent la plateforme Windows (50%), suivie de la PSP ( 11%) et de la PS2 (9%). Les consoles Nintendo suivent (DS: 8%, Wii: 6%) et Microsoft (Xbox360: 4%, Xbox: 2%). Intéressantes ces différences, pour la PSP, la console est l'une des plus piratées, les jeux font entre 400mo et 1go généralement (légers), et la scène du piratage est très développée, transformant la PSP en une plateforme de développement. Tout un écosystème s'est créé autour de cette console, applications open source, logiciels exploitant des lacunes dans le système Sony (compatibilité avec certains formats, utilisation web, musiques & vidéos, jeux non commerciaux...). A contrario de cette scène du piratage-développement, le piratage des jeux sur ordinateurs est purement consumériste, me faisant demander si il y a encore un intérêt pour les éditeurs de sortir ceux-ci sur PC. D'ailleurs, la coutume de sortir en décalé les sorties next gen et PC va dans ce sens.
  • Les TV Shows sont très hétérogènes. Cependant parmis les 3 sous-catégories les plus disponibles, on retrouve les vidéos sportives et les vidéos de WWE (Catch), soulignant soit la dominance américaine en terme de téléchargement de contenus télévisuels, soit que la population de Mininova est d'origine US.
  • En terme de musique, rock, "others" et trance/House/Dance dominent (34% cumulé). Je suis tout de même étonné par le volume de la musique téléchargée : 23% des torrents! Pourtant il existe de multiples plateformes d'écoute de la musique, que ce soit en mode découverte avec Musicovery, playlist avec Deezer , en achat avec les acteurs plus traditionnels, en exploration grâce à MySpace et autres social listening (blog, réseaux sociaux...). Le développement des supports d'écoute avec l'obligation d'utilisation d'un fichier (acheté, encodé ou téléchargé illégalement) que ce soit avec des lecteurs mp3, téléphones, ordinateurs, etc... oblige à l'acte d'achat. Les fichiers sont légers (70mo pour un album), et surtout, c'est l'un des premiers médias à avoir été touché par la numérisation et la dématérialisation.
  • Enfin, les vidéos représentent 28% des torrents disponibles sur Mininova (action :21%, comédie : 14%). Le développement des supports (de plus en plus répandu comme pour la musique), la difficulté d'accès au produit (délais entre les canaux, prix d'une place), l'inadéquation de la chaîne de distribution à la numérisation et aux nouveaux modes de diffusion du média doivent jouer.

Cette analyse rapide permet donc de dégager le profil d'une personne assez jeune dont les principaux médias sont les films, les musiques et les séries télévisées. Ces principaux médias sont donc dans une situation difficile dans les prochaines années avec, comme la musique, une réorganisation de la chaîne de valeurs, de nouveaux acteurs, surement des pure players, entrainant nouvelles consommations et nouveaux modes de sitribution. Cependant, il ne faut pas oublier que malgré une logique consumériste dominante, il existe des cercles de piratage concentrés sur le développement d'applications pour transformer ou développer une plateforme (comme la PSP).

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